INNATE ( 13/10/1999 )

1. " 109 " est l'intitulé de ce nouvel album, outre le changement de musiciens, est-ce que les fans de KILLERS doivent s'attendre à du changement ?

On est revenu avec des morceaux plus directs.
C'est un choix délibéré de ma part et je pense que cela se confirmera à l'avenir.
L'arrivée de Nicko ANDRIEU à la batterie a marqué un retour à un jeu en doubles grosses caisses que j'affectionne tout particulièrement depuis les débuts de KILLERS.
C'est marrant parce qu'il a commencé à jouer avec Thierry ANDRIEU , son frangin , (guitariste actuel de KILLERS) en faisant ses armes sur nos premiers albums.
Ça me rajeunit pas mais par contre la moyenne d'âge du groupe s'est abaissée considérablement.
Sinon, il y a un apport incontestable au niveau du jeu de basse avec Titi (Patrick OLIVER) par le fait qu'il joue au médiator et que cela s'apparente beaucoup plus à un marteau piqueur qu'à de la branlette technique inefficace pour notre style.
Je suis également enchanté par l'arrivée de Thierry qui agrémente ses qualités de soliste d'une technique rythmique certaine.
C'est assez rare pour un soliste qui fait souvent l'impasse sur la base rythmique.
Les thèmes abordés dans les textes se sont également enrichis.
Voilà donc je pense quelques arguments qui expliquent la qualité de ce nouvel album.

2. Bruno, tous les membres qui t'accompagnaient sont partis, qu'est-ce qui les a poussé à quitter le navire ?

Notre album précédent " FORT INTÉRIEUR " est sorti en 1998.
J'ai composé la majorité de ces morceaux en 1995 et 1996.
J'ai été très déçu et frustré de devoir attendre autant de temps pour sortir cet album.
C'était d'autant plus inacceptable que nous avons notre propre studio d'enregistrement à disposition.
Après la sortie de " FORT INTÉRIEUR ", j'ai immédiatement composé les morceaux qui se trouvent sur " 109 ".
J'ai vu que cela partait pour refaire le même plan et c'était hors de question.
J'ai donc dit aux autres que je ne souhaitais plus continuer avec eux.
Je n'avais personne en vue mais cela n'était pas le problème, je voulais tout d'abord être en accord avec moi-même.
Ce ne sont donc pas eux qui sont partis mais moi qui les ai écarté de KILLERS.
Je compte bien faire en sorte de pouvoir sortir un nouvel album tous les un an/un an et demi maximum.
Ce n'était pas possible avec l'ancien line-up, maintenant je sais que ce sera le cas.
Ce ne sont pas les fans de KILLERS qui s'en plaindront.

3.Votre groupe est un exemple de persévérance, à quoi doit-on cette " rage " de continuer, est-ce dur de se " battre " pour continuer (trouver de nouveaux musiciens etc…).

C'est vrai que ce n'est pas toujours facile mais le fait de devoir se battre te renforce et chaque obstacle passé te procure tant de punch que tu décuples ton potentiel à résoudre tous les problèmes qui ne manquent pas de se révéler.
Je crois que les choses se résolvent d'elles même si la passion demeure.
Je fais de la musique par plaisir et non pour essayer de décrocher un hypothétique jackpot.
Les problèmes font partie de la vie, je ne crois pas qu'une vie sans bagarre soit très passionnante.
C'est un état d'esprit qu'il faut s'efforcer de garder.
Pas seulement dans la musique mais également dans la vie.
Les parallèles entre les deux sont d'ailleurs souvent très proches.

4. pour ce nouvel album quels sont les thèmes qui vous ont inspirés ? On peut noter que souvent les textes sont incisifs, est-ce important pour un groupe de Hard Rock d'avoir des paroles très réalistes ?

Chacun fait selon son sentiment.
Il est évident que pour KILLERS les paroles sont souvent réalistes voire engagées.
Je ne pourrais jamais totalement me dégager du monde qui nous entoure pour la bonne et simple raison que j'y puise mon énergie.
C'est vital pour un groupe de Hard Rock , qui plus est si les textes sont en français.
Beaucoup de thèmes de ce nouvel album font référence à une période historique lointaine mais les parallèles avec notre époque sont pourtant bien réels.
C'est souvent le cas dans mes textes.
J'aime bien jouer avec les doubles sens en laissant l'auditeur y trouver ses propres interprétations.

5. Récemment KILLERS a été le seul groupe Français à l'affiche du festival de Wacken, comment avez-vous réussi ce tour de force ?

Tout simplement en étant nous mêmes.
Nous avons été contactés par les organisateurs car ils appréciaient notre musique.
C'est d'ailleurs un hommage que je veux leur rendre car le plus souvent ce sont les maisons de disques qui imposent leur groupe.
Pour Wacken ce n'est pas le cas, la programmation est faite par des passionnés qui aiment vraiment le Metal.
Le succès de ce festival (25 000 personnes pour cette dixième édition) leur donne raison et c'est une excellente chose.

6.Vous vous enregistrez tout seul, au bout du 9ème album ne rêvez-vous pas d'une " grosse production " avec un producteur mondialement reconnu ? Est-ce par obligation ou par passion que vous vous débrouillez pour enregistrer vos disques ?

Il y a bien longtemps que je ne mets plus mes bottes au pied du sapin de Noël.
Il faut rêver mais il ne faut pas que rêver sous peine de perdre pied.
Il est évident qu'une meilleure production nous aiderait mais cela ne tombera pas du ciel.
Nous devons d'abord nous occuper de notre musique et faire de notre mieux pour l'aboutir.
Avoir notre propre studio nous offre une totale liberté artistique et financière, c'est loin d'être négligeable.
C'est peut-être cela qui nous permet d'être ce que nous sommes.
La sincérité et la spontanéité s'estompent dès lors que les " gros moyens " pointent leur nez.

7.Concernant votre longue carrière, qu'est-ce qui reste comme votre pire souvenir, et comme votre meilleur souvenir/expérience ?

Les pires souvenirs concernent sûrement les périodes de transition dues à des changements de musicien.
" Pire " est un mot excessif, je dirai plutôt " les moins bons ".
Sinon les meilleurs sont à situer dans la période actuelle.
Le plus éclatant c'est de savoir que l'on peut envisager l'avenir.
Que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, seul le temps pourra le dire.(Merci nous…).

8.Un mot pour les musiciens qui souhaitent se lancer dans le dur milieu de la musique ?

Démarrer en profitant de l'énergie de la jeunesse qui permet de déplacer des montagnes mais aussi savoir qu'elle fait souvent faire d'énormes conneries donc savoir garder les pieds sur terre.
Ne pas croire au père Noël et savoir qu'il faut d'abord s'occuper de sa musique avant de trop se prendre la tête au sein même du groupe.
La difficulté est de trouver un équilibre entre le fait de ne pas tout casser et celui de ne pas tomber dans un train-train préjudiciable.

9.Et enfin, pour finir, quels sont vos projets, un dernier mot ?

Actuellement ce sont les concerts en ponctuant les moments de répit par la préparation du dixième album dont la sortie se situera au mieux avant l'été 2000, au pire avant la fin 2000.
Dans l'attente, ruez-vous sur " 109 ", vous ne serez pas déçus.